Le Mont Osore et le temple Osorezan Bodaiji, Aomori, Japon
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Haut lieu de spiritualité, le Mont Osore se trouve en plein cœur de la péninsule de Shimokita, dans la préfecture d’Aomori, tout au nord de l’île principale du Japon, Honshu. On le connait pour son activité géothermique particulière, et pour le temple Osorezan Bodaiji qui accompagne les âmes perdues.
Si vous avez lu les précédents articles publiés dans le cadre de mon voyage d’un mois au Japon de l’été 2023, le Mont Osore ne vous est pas inconnu.
J’en ai déjà parlé dans de nombreux articles, et pour cause : il est l’une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de réaliser ce road trip de 3 semaines dans le Tohoku, au lieu d’aller à Hokkaido comme initialement prévu.
Mon intérêt pour l’Osorezan trouve racine dans mon enfance. Alors que je découvrais les « dessins animés japonais » sur FoxKids au début des années 2000, l’un d’entre eux fut l’un des déclencheurs (aux côtés du Voyage de Chihiro) de ma passion pour le folklore japonais : Shaman king.
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J’espère que parmi mes lecteurs certains ont connu cet anime lors de sa diffusion et sont allés jusqu’au manga, et plus précisément jusqu’à l’arc Osorezan Revoir (et sa superbe OST). Cette partie de l’œuvre a toujours été pour moi la plus belle et émouvante de tout le titre. À l’époque, du haut de mes 10 ans, je ne savais pas ce qu’était l’Osorezan. Alors quand j’ai compris que cet arc qui m’a tant marqué se déroulait dans un lieu réel et que je pouvais moi aussi marcher derrière les pas de ces personnages, je me suis promis d’y aller un jour.
Osorezan : le Mont Osore
Traversé par la rivière Sanzu-no-kawa, le « fleuve des trois chemins » qui n’est autre que le passage emprunté par les morts dans la religion bouddhiste, le Mont Osore est considéré comme la frontière entre le monde des vivants et celui des défunts.
C’est ici que chaque année, à partir du 20 juillet, se rassemblent les dernières itako encore en activité pour le Kuchiyose, un rituel leur permettant de communiquer avec les morts.
Je vous avais déjà rapidement parlé des itako dans une sélection de livre en 2021, avec l’ouvrage Les dernières chamanes du Japon de Muriel Jolivet.
Je ne vais pas m’attarder sur ce sujet ici, mais je vous encourage vivement à vous procurer ce livre passionnant si le sujet vous intéresse ne serait-ce que pour la place que tiennent ces femmes dans la société japonaise, que vous croyez ou non en leurs capacités occultes.
L’Osorezan doit sa caractéristique spirituelle à son environnement singulier : entre les fumerolles qui s’échappent du sol et les couleurs inhabituelles dû à l’acidité et au soufre qui s’y trouvent, que ce soit dans l’eau du lac Usori ou dans les roches qui l’entourent, le volcan qu’est le Mont Osore est la parfaite représentation du monde des morts pour la religion bouddhiste.
Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’on trouve ici le temple Osorezan Bodaiji.
Le temple Osorezan Bodaiji
C’est en 862 qu’un moine nommé Ennin construit le temple Bodaiji, suite à un rêve divin. Consacré au bodhisattva Jizo, le temple Bodaiji a pour mission d’aider les âmes perdues à quitter le monde des vivants, et tout particulièrement les enfants.
C’est ici que se trouve le pont rouge permettant aux morts de traverser la rivière Sanzu pour quitter le monde des vivants. Différents chemins sont possibles et dépendent des actes du défunt.
Le pont rouge est l’un de ces chemins, réservé à ceux qui ont été « bons ». Les autres doivent passer tant bien que mal sur un gué, et « les plus mauvais » tentent la traversée après être tombés dans l’eau infestée de serpents. Je n’ai pas trouvé beaucoup d’informations en français sur le sujet, mais je suis tombée sur cet article intéressant (bien que court) si vous souhaitez approfondir un peu le sujet.
Si le passage des âmes dépend de leurs actions lors de leur vivant, il semble que les âmes des enfants soient soumises à un traitement différent. Ces derniers, eux, doivent traverser la rivière en construisant des tas de cailloux qui leur permettront de marcher jusqu’à l’autre rive.
C’est là qu’interviennent les Jizo, en les aidant à protéger leurs tas de cailloux que s’amusent à détruire les oni (démon).
Ceci explique les nombreux tas de cailloux que l’on retrouve tout autour du temple Bodaiji : ce sont les parents qui viennent offrir ces offrandes aux Jizo, dans l’espoir que ces derniers utilisent ces pierres pour aider leurs enfants.
Le temple Osorezan Bodaiji est un temple vraiment particulier de par son décor si atypique.
En arrivant, on a la sensation que le lieu est immense, et en même temps si vide. Il y a peu de monde sur place (comme toujours dès que l’on s’éloigne des grands axes touristiques au Japon), et tout est étalé.
Les différents bâtiments sont dispersés de la porte principale jusqu’au lac Usori, il n’y a pas de chemin unique pour s’aventurer dans le monde des enfers, mais plusieurs sentiers qui partent dans tous les sens. On se retrouve alors à errer, en regardant partout autour de soi, que ce soit à l’horizon ou juste à nos pieds.
Prévoyez bien 2h pour en faire le tour tranquillement et profiter de ce lieu unique.
Ce n’est pas le genre de temple que l’on retrouve ailleurs, alors ne vous pressez pas. Ici, le temps s’arrête, et nous ne savons plus réellement dans quel monde nous nous trouvons.
Autour du temple Osorezan Bodaiji
Bien que le temple Osorezan Bodaiji soit le principal lieu d’intérêt du Mont Osore (avec les différentes sources observables ci et là sur la route), la péninsule de Shimokita regorge de lieux incroyables.
Si vous faites toute la route jusqu’ici, profitez en alors pour découvrir les trésors du coin comme :
- Les falaises Hotokegaura : le grand incontournable, aux côtés du Mont Osore, de cette péninsule. Pour vous en mettre plein les yeux, rendez-vous sur mon article dédié aux falaises Hotokegaura.
- La source d’eau chaude Oku-yagen : situé non loin du temple Osorezan Bodaiji, cet onsen en plein air est gratuit ! Attention cependant aux horaires : les femmes et les hommes ne sont pas autorisés à y entrer ensemble, il y a donc un système de rotation en place.
Pour plus de lieux autour du Mont Osore, rendez-vous sur mon article dédié à la péninsule de Shimokita.
Le Mont Osore : bon à savoir
- L’entrée au temple Osorezan Bodaiji coûte 500 yens et, attention, ce dernier n’est ouvert que du 1er mai au 31 octobre, de 6h à 18h.
- Comme les différentes photos et descriptions vous laissent l’entendre, le Mont Osore est un lieu aride. Si vous réalisez votre voyage au Japon en été ou plus largement que vous vous rendez sur place un jour de grand soleil, pensez à prendre de l’eau, des lunettes de soleil et de quoi vous couvrir le visage : il n’y a pas un point d’ombre à l’horizon !
- Je pense que vous l’avez compris en voyant les photos, ou du moins que votre instinct de survie vous a laissé l’entendre : l’eau du lac Usori est toxique, ne la touchez donc pas.
- Comme évoqué plus haut, à partir du 20 juillet se déroule l’Osorezan Taisai, jusqu’au 24 juillet, un festival durant lequel les itako permettent aux vivants de communiquer avec les morts par leur intermédiaire. Un événement similaire se déroule chaque année début octobre, l’Osorezan Akimairi. À titre personnel, ce n’est pas le type de festival auquel je me vois participer en tant que touriste. Ceux qui s’y rendent sont des personnes en souffrance, notamment des parents qui ont perdu leur enfant trop tôt. Alors je trouve ça un peu déplacé d’y venir en visite, comme si c’était une attraction touristique. Si vous cherchez des matsuri festifs et plus adaptés au tourisme, rendez-vous sur mon guide pour voir des matsuri au Japon.
- Si vous souhaitez tenter l’expérience du shukubo, vous le pouvez au temple Bodaiji. Je n’ai trouvé aucun moyen de réserver en ligne, il semble qu’il soit nécessaire de directement entrer en contact avec le temple si vous souhaitez en savoir plus. Pour notre part, nous avons logé dans la ville de Mutsu, à quelques kilomètres du Mont Osore, au Mustu Park Hotel Stay 03415v.
Et vous, vous connaissiez le temple Bodaiji Osorezan ?
Le Mont Osore est-il un lieu que vous aimeriez découvrir ?
Plus je lis tes articles sur la Japon et plus je me dis que ca va être compliqué de choisir pour un itinéraire à faire avec les enfants en peu de temps. Il y a tellement de lieux à voir !
Oui chaque planification est un vrai casse-tête, il y en a partout et on veut tout voir, mais on doit forcément faire des choix ! Mais au moins on a de bonnes excuses pour revenir 🙂