Secrets de Beauté, MCJP (Maison de la Culture du Japon à Paris)
Après plusieurs mois de fermeture, les musées ont enfin réouverts leurs portes ! Et il faut dire que j’attendais avec impatience ce moment-là : c’est en octobre dernier, il y a donc 9 mois, que je devais me rendre à Paris pour découvrir l’exposition Secrets de Beauté de la MCJP. Mais c’est seulement quelques jours avant mon départ que la mauvaise nouvelle du 2ème confinement est tombé. Annulation pure et simple de la petite virée parisienne prévue avec Olivier de Japan Kudasai (que je ne vous présente plus) pour découvrir les Secrets de Beauté des femmes de l’époque Edo. Ah, cette déception !
C’est donc avec plaisir (mais sans mon acolyte) que j’ai eu l’occasion de me rendre à la capitale en ce début de mois de juin pour enfin me rendre à la MCJP, grâce à Journal du Japon pour qui j’ai écrit ce papier dans le cadre de ce petit séjour parisien. L’occasion pour moi de vous présenter l’exposition Secrets de Beauté de la MCJP, en espérant vous donner envie de la découvrir à votre tour.
L’exposition Secrets de Beauté
La première chose qui marque lorsque rentre dans l’immense pièce tamisée qui renferme l’exposition Secrets de Beauté, c’est l’originalité de la mise en place des différents éléments et leurs présentations. Je ne passe pas énormément de temps dans les musées mais les dernières expositions que j’ai pu découvrir, à savoir Fuji, pays de neige et Enfers et fantômes d’Asie, présentaient un format plus classique d’œuvres exposées aux murs, à côté de textes explicatifs. Ici, à la MCJP, un bel effort a été réalisé sur la décoration et la structure de l’exposition, créant plusieurs espaces tant exploités qu’on ne sait plus où regarder, entre les textes, les immenses impressions et les objets et estampes. En bref, rien que de loin c’est déjà bien joli, ce qui promet alors un chouette moment.
Et, en effet, l’exposition Secrets de Beauté vous envoute le temps d’un bon dans le passé, par son ambiance et la richesse de ses informations, ses objets et ses estampes. De nombreux textes viennent contextualiser les différentes collections d’estampes, ainsi que les objets et leurs utilisations. Prévoyez donc du temps pour découvrir les deux secrets de beauté des femmes de l’époque Edo : la coiffure et le maquillage.
Deux Secrets : la coiffure et le maquillage
Parmi ce qui rend le physique des femmes de l’époque Edo si particulier à nos yeux se tiennent deux éléments : la coiffure et le maquillage. Véhiculeurs d’informations, les femmes de l’époque Edo ne s’apprêtaient pas que pour la beauté des choses ; ces rituels permettaient d’affirmer aux yeux de tous leur statut social et leur situation (matrimoniale, professionnelle…). Chaque élément compte : les dents peintes en noir, par exemple, informaient du fait qu’elles étaient mariées. Cette couleur, liée à la fidélité, étaient l’une des 3 seules couleurs qui composaient le maquillage de l’époque. Aux côtés du blanc, symbole de pureté, et du rouge, symbole de féminité, les femmes de l’époque Edo respectaient les codes qui leur étaient propres.
Si le maquillage peut avoir d’apparence une composition assez simple, la coiffure, elle, s’affirme d’emblée comme bien plus complexe. C’est après les longues années de guerre civile, enfin derrière les Japonais grâce à la réunification du pays, que les femmes se mirent à relever leurs cheveux. Imitant les danseuses de kabuki et les courtisanes, les femmes commencent peu à peu à réaliser des chignons de plus en plus sophistiqués. Ces coiffures typiques portent toutes un nom, souvent en rapport avec leur origine. Le Katsuyama-mae, par exemple, est un chignon inventé par une prostituée du nom de Katsuyama, qui devient avec le temps la coiffure traditionnelle des mariées.
C’est au travers de 3 collections d’estampes que l’exposition Secrets de Beauté nous dévoile les rituels de beauté des femmes de l’époque Edo : Le Gynécée du château de Chiyoda de Yoshu Chikanobu nous raconte le quotidien des femmes au sein du château ; Trente-deux attitudes d’aujourd’hui de Ichiosai Kunichika nous dépeint le portrait de japonaises de tout rang, dévoilant la beauté interindividuelle et interclasse de ces femmes ; et Cent Beautés d’Edo d’Utagawa Tokoyuni III nous présente les coiffures et les tenues caractéristiques des différentes classes sociales.
Aux côtés de ces magnifiques estampes, dont j’avoue avoir un faible personnel pour celle de Yoshu Chikanobu que je trouve particulièrement poétique, plus d’une 60aine d’objets sont exposés : ornements et ustensiles, tout ce qui permettait aux femmes de l’époque Edo de se parer se trouvent sous nos yeux. De bien beaux objets qui démontrent l’importance de la beauté des choses à l’époque Edo, et ce dans les moindres détails, permettant à chacun de savoir d’un simple coup d’œil qui est la femme en face de soi.
C’est jusqu’au 10 juillet 2021 que se tient l’exposition Secrets de Beauté. Il ne reste donc que très peu de temps pour en profiter, alors si vous êtes tentés n’hésitez pas, c’est une pure merveille que vous pouvez coupler avec l’exposition Voyage sur la route du Kisokaidō au musée Cernuschi.
Et vous, quelle est la dernière exposition que vous avez découvert ?
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merci beaucoup pour cet article passionnant. Je n’ai qu’un regret, je suis en province actuellement, donc pas de musée parisien pour moi. Du coup, je vais lire 2 fois cet article. Merci merci
Avec plaisir ! C’était une bien belle exposition… Dommage qu’il n’y avait pas de livres sur l’exposition, ça aurait pu être une bonne alternative pour tous ceux qui n’habitent pas Paris.