Arashiyama à Kyoto : sa forêt de bambous et ses temples
Ah, Arashiyama ! Et sa si célèbre forêt de bambous ! Impossible que vous n’ayez jamais vu des photos et vidéos de cet endroit si représentatif du Japon à l’étranger. De la même manière que le quartier de Gion à Kyoto, le quartier d’Arashiyama est l’une des images les plus utilisées pour illustrer le pays du Soleil Levant.
Et en effet, Arashiyama fait partie des « grands incontournables » que s’empressent d’ajouter les visiteurs à leur itinéraire lorsqu’ils planifient leur premier voyage au Japon. Alors vous vous en doutez : c’est un lieu très touristique, où vous ne risquez pas d’être seuls !
C’est d’ailleurs pour cela que, lors de mon road trip de 3 mois en van au Japon en 2019, j’étais passée à Arashiyama sans m’y arrêter. La foule que j’y ai vue depuis la route m’a fait fuir. Depuis, l’envie n’avait pas forcément germé. La forêt de bambous aussi jolie soit-elle ne me paraissait pas être si extraordinaire, du moins pas assez pour justifier l’expérience oppressante qui semblait l’accompagner.
Mais lorsque l’on voyage au Japon en hiver, on peut se permettre de visiter des lieux touristiques en espérant y voir moins de monde. C’est dans cet esprit-là que j’ai choisi de remettre les pieds à Kyoto, et que je me suis dit « et pourquoi pas tester Arashiyama ? ».
Je vous emmène alors avec moi à la découverte d’Arashiyama, le temps d’une journée pluvieuse et brumeuse !
La forêt de bambous d’Arashiyama
S’il y a un lieu d’Arashiyama qui déplace les foules, c’est bien sa forêt de bambous. On la voit sur tous les réseaux sociaux et dans tous les itinéraires de voyage au Japon, et l’on réduit même facilement le nom d’Arashiyama à cette bambouseraie. Si les premières photos que l’on voyait du lieu il y a une dizaine d’années laissaient rêver à une impressionnante forêt, les réseaux sociaux ont eu ça de bien que de nombreuses personnes ont petit à petit montré « l’envers du décor » : un espace plutôt petit, pas spécialement dense, et rempli de monde.
Et la réalité est bien celle-ci. La forêt de bambous d’Arashiyama n’est pas un lieu spectaculaire. Si la lumière qui filtre entre les tiges des bambous offre une atmosphère poétique, l’ambiance générale vient contraster et casser ce calme apparent. Car oui, même en plein voyage au Japon en hiver, qui rime normalement avec basse saison, certains lieux ne désemplissent pas, comme Arashiyama.
Ceci dit, même s’il y avait du monde sur place, il faut tout de même avouer que ce n’était pas non plus irrespirable, et que la visite était tout de même agréable, même si elle n’était pas « incroyable ».
Tout le contour direct de la forêt de bambous d’Arashiyama est fréquenté. On trouve donc plusieurs boutiques et restaurants dans le coin. Je me suis offert un réconfortant chocolat chaud à la banane au Banana Juice Factory, et un magnifique petit tableau d’un Mont Fuji rouge à une artiste qui exposait à cette galerie d’art, juste en face. Sûrement l’un de mes plus beaux auto-cadeaux souvenirs, tous séjours confondus !
La plupart des visiteurs continuent ensuite leur chemin vers le temple Tenryu-ji, le pont Togetsukyō ou bien la montagne aux singes de Kyoto, Iwatayama.
Pour notre part, nous n’avions pas assez de temps pour compléter la visite de la forêt de bambous d’Arashiyama avec ces lieux (bien que nous nous sommes tout de même arrêtés au temple Hogon-in ci-dessus, où nous étions seuls), car nous avions deux autres cibles en vue avant de passer l’après-midi au Mont Kurama : les temples Adashino Nenbutsuji et Otagi Nenbutsuji.
Adashino Nenbutsuji et Otagi Nenbutsuji
Loin de la foule de la forêt de bambous d’Arashiyama, les temples Adashino Nenbutsuji et Otagi Nenbutsuji sont situés au nord-ouest de cette dernière. C’est cette position géographique qui explique la faible fréquentation en comparaison avec le cœur touristique d’Arashiyama : d’autres lieux intéressants bordent la forêt, occupant suffisamment les visiteurs là pour la journée.
C’est ici que l’on profite de l’avantage premier de louer une voiture au Japon : pouvoir s’éloigner de la foule facilement !
C’est aux extrémités de la rue Saga Toriimoto que les deux temples se situent. Cette vieille rue préservée, bordée de machiya, est une zone de conversation du patrimoine culturel dont la plupart des bâtiments datent de l’époque Edo.
Lors de notre passage, la fine pluie du jour offrait une ambiance des plus mystiques, accentuée par l’absence totale d’autres visiteurs que nous. Magnifique !
Nous nous sommes garés sur ce petit parking pour 500 yens, soit un peu moins de 3 euros, et avons commencé la visite par le temple Adashino Nenbutsuji.
Construit sur un ancien cimetière daté au minimum de l’époque Heain, le Adashino Nenbutsuji se distingue par deux caractéristiques : ses 8 000 statues bouddhiques érigées en l’honneur des défunts, et sa petite forêt de bambous, ou plutôt devrais-je dire son allée de bambous traversée par un court escalier.
Bien plus intimiste que la forêt de bambous d’Arashiyama, ce petit coin secret fut une belle surprise. Mais ce que j’ai le plus aimé, c’est la mousse qui crée de jolies nuances de vert un peu partout, jusqu’à recouvrir certaines statues.
Comptez 1 000 yens l’entrée au temple, soit à peu près 6 euros.
À l’autre bout de la rue Saga Toriimoto se trouve le temple Otagi Nenbutsuji.
Construit initialement en 766, le temple a subi de nombreuses catastrophes avant de s’installer définitivement à son emplacement actuel en 1922. Sa particularité : il accueille un peu plus d’un millier de statues de pierre de rakan, le plus grand disciple de Bouddha.
C’est sous l’impulsion du professeur à l’Université des Beaux-Arts de Tokyo, Kocho Nishimura, également moine responsable du temple, que ces dernières ont vu le jour.
Nombre de volontaires, à qui il a enseigné la sculpture dans le cadre de cette rénovation, se sont impliqués dans ces statues.
Chacune d’entre elles est unique, et c’est l’observation de chacune de leurs facettes qui nous passionne lorsque l’on découvre le temple Otagi Nenbutsuji.
Comptez également 1 000 yens l’entrée.
Autour de la forêt de bambous d’Arashiyama à Kyoto
Comme je l’ai rapidement évoqué précédemment, il y a de nombreuses choses à voir autour de la forêt de bambous d’Arashiyama, dont voici une liste non exhaustive :
- Le temple Tenryu-ji : inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, il est l’un des 5 grands temples zen de Kyoto. Il est principalement réputé pour son jardin zen et sa peinture du « Dragon dans les nuages » (Unryū-zu) au plafond du Hatto, réalisée par Suzuki Shonen en 1899 et rénovée par Kayama Matazo en 1997 (cf. site du temple).
- Le pont Togetsukyō : « le pont qui traverse la lune » fut à l’origine construit pendant l’ère Heian (794-1185) mais l’actuel date de 1934, avec les mêmes caractéristiques esthétiques de l’époque. Il est, au même titre que la bambouseraie, un symbole d’Arashiyama. Au-delà de son architecture traditionnelle, c’est aussi la vue sur les collines environnantes qui lui vaut sa réputation.
- Iwatayama : voilà le genre de lieu dont je ne sais pas vraiment que penser. Lorsqu’il y a des animaux dans l’équation, j’avoue être dérangée. Mais la semi-liberté qu’offre le parc aux singes, le fait que ce sont les visiteurs qui sont en cage et pas eux, ainsi que la volonté première d’être un lieu d’observation et de protection, me laissent à penser que j’irai peut-être un jour voir ça de moi-même avant de juger. Si vous y êtes déjà allés, n’hésitez pas à nous partager votre ressenti en commentaire !
Arashiyama : un peu de campagne à Kyoto
Je n’attendais pas grand-chose d’Arashiyama, et j’ai été plutôt agréablement surprise. Je pense que la saison n’y a pas été pour rien : c’était rempli, mais pas blindé. Néanmoins, comme souvent, je ne m’étais pas assez renseignée sur le lieu avant d’y aller, le réduisant à sa bambouseraie. Je ne lui ai donc pas accordé le temps nécessaire pour le découvrir comme il se doit.
En seulement quelques heures, difficile d’en faire réellement le tour. J’ai privilégié des coins plus reculés d’Arashiyama comme les temples Adashino Nenbutsuji et Otagi Nenbutsuji, au détriment des « classiques » cités ci-dessus, et j’ai préféré filer vers le Mont Kurama pour l’après-midi.
Comme tous les lieux hautement touristiques, il est intéressant de dormir sur place afin de profiter de l’ambiance nocturne (et voir les illuminations de « la forêt de kimono« ) et pour se réveiller aux aurores le lendemain afin d’apprécier le calme du matin. Ces deux moments-là étant ceux où il y a le moins de monde. Mais comme tout « incontournable » qui se respecte, c’est aussi un endroit où les logements sont assez onéreux.
J’ai repéré quelques hébergements qui ont l’air plutôt exceptionnels, comme le Ranzan ou Kadensho et son onsen, ou pour de plus petits budgets l’Hotel Binario Saga Arashiyama.
Je ne peux pas dire que ma visite d’Arashiyama soit un coup de cœur ou un moment inoubliable de ces 4 semaines au Japon à l’hiver 2024-2025. Je pense bien qu’un jour ma route s’arrêtera de nouveau à Arashiyama, vue sa proximité avec le centre de Kyoto, mais je n’en fais pas une priorité.
Néanmoins, le quartier d’Arashiyama a le mérite d’être facilement accessible depuis le centre de l’ancienne cité impériale, ce qui en fait une excellente destination pour un day-trip à Kyoto et ainsi sortir de la ville afin de découvrir un peu de campagne japonaise. Je comprends donc que ce soit un lieu touristique !
Et vous, vous avez déjà mis les pieds à Arashiyama ?
Super article !
J’étais allé à Arashiyama en 2010 plein koyo, c’était bien moins bondé que maintenant et magnifique avec toutes les couleurs de l’automne ! Mais tes photos avec la pluie sont superbes, les mousses, les pierres, et le bois sont toujours plus beaux sous la pluie je trouve.
Ton article tombe à point pour mon voyage dans 2 semaines! Je n’avais pas encore fixé Arashiyama dans l’itinéraire et, après cette lecture, je pense bien que je vais prioriser autre chose. Merci!
Nous étions passés en coup de vent (trop de monde déjà vers 8h30) juste avant la visite du jardin des mousses, Saiho-ji qui a été un moment extraordinaire. A l’époque, l’inscription était encore par courrier (inscription en ligne disponible maintenant)..
Mais, vraiment, magique, hors du temps à s’émerveiller de toutes ces nuances de vert, de ces formes qu’on tente d’interpréter. Bref, tu l’as compris, c’était dans mon top 3 de mon séjour au Japon 🙂