Uji et ses merveilles : le trésor de la préfecture de Kyoto
Il est parfois étrange de découvrir des lieux emblématiques d’une région après y être venus plusieurs fois sans en avoir entendu parler jusqu’alors. Uji fait pour moi parmi de ceux-là : une ville riche en histoire et en culture, à côté de laquelle je suis passée sans le savoir 2 fois de suite.
Et c’est ça que j’aime au Japon : on découvre toujours de nouveaux lieux incroyables, même là où on est déjà venus. Et comme tout le monde ne parle que de Tokyo-Kyoto-Osaka-Miyajima, des lieux pourtant très connus au pays du Soleil-Levant passent totalement inaperçus pour les touristes que nous sommes, à l’image d’Uji.
Située au sud de l’ancienne cité impériale, la ville d’Uji est facilement accessible depuis Kyoto. Seulement 30 minutes de train avec la Nara Line depuis la Gare de Kyoto permettent d’arriver au pied d’un trésor national : le Byōdō-in. Mais la richesse d’Uji ne s’arrête pas là. C’est également le berceau d’un thé japonais, le matcha, et l’une des villes théâtre du célèbre Dit du Genji.
Mais trêve de bavardages, je vous embarque avec moi le temps d’une journée à Uji depuis Kyoto !
Une journée à Uji depuis Kyoto
Le Byōdō-in
La journée débute par le célèbre temple bouddhiste emblématique de la ville : le Byōdō-in, trésor national classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est lui que l’on voit au dos des pièces de 10 yens.
Je ne vais pas faire dans la demi mesure : je range le Byōdō-in dans la catégorie des plus beaux temples du Japon à mes yeux.
Il m’est fréquent d’être déçue d’un lieu, d’un paysage ou d’un monument après l’avoir vue passer un peu partout sur les réseaux sociaux avec un nombre incalculable de filtres pour enjoliver la réalité ; en revanche il m’est rare de trouver que même la plus belle des photos ne parvient pas à capturer toute la beauté de ce que j’ai sous les yeux.
Et c’est ce que j’ai ressenti en voyant le Byōdō-in. Très certainement que pour certains j’exagère, mais j’ai personnellement trouvé ce temple exceptionnel en tout point. L’architecture du temple, ses couleurs, son environnement,… Le tableau est magnifique. Composée de turquoise, de rouge, de gris, de jaune et de vert, la toile est parfaite. Une harmonie s’en dégage et appelle à la contemplation.
Ancienne résidence secondaire de Fujiwara no Michinaga, il est devenu un temple bouddhiste qui promet la renaissance dans le Paradis d’Amida en 1052. La pièce principale du temple, le Phénix Hall, accueille une statue en bois d’Amida Nyorai entourée de 52 bodhisattvas danseurs et musiciens sculptés sur les murs.
Une visite guidée (en japonais) du Phénix Hall est disponible toutes les 20 minutes, de 9h30 à 16h10. C’est le seul moyen pour accéder à la statue. Les billets se prennent directement sur place et coûtent 300 yens. Ce tarif s’ajoute à l’accès au Byōdō-in et au musée Hōshō‑kan qui coûtent 700 yens.
Hormis la visite accompagnée du Phénix Hall, on ne peut pas pénétrer dans le temple. Seuls les jardins sont accessibles, mais cela suffit à profiter du lieu.
Le musée Hōshō‑kan clôture en beauté la visite. On peut y voir, entre autres, une reconstitution vidéo du Phénix Hall avec les couleurs originelles et admirer de très près 26 des 52 bodhisattvas flottant sur leurs nuages qui l’ornaient autrefois.
Si vous êtes véhiculés, vous trouverez plusieurs parkings dans la grande avenue à l’arrière du temple, comme celui-ci qui, en plus, profite d’une boutique de produits locaux que nous avons bien évidemment dévalisés en matcha et mochi.
Si vous faites comme nous, vous entrez donc dans le Byōdō-in par « l’arrière », et vous en sortez par l’avant pour continuer votre visite d’Uji. Vous traversez ainsi la grande rue commerçante bordée de ramen au matcha, somen au matcha, glace au matcha, et autres spécialités du coin avant de rejoindre la rivière Uji pour passer de l’autre côté de la ville.
Le Musée du Dit du Genji
Après avoir traversé le pont Uji (décidément, ils ne sont pas allés chercher bien loin leurs appellations…), quelques minutes de marche dans un quartier résidentiel nous mènent au Musée du Dit du Genji.
Je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter ce monument de la littérature japonaise, si ce titre vous est encore inconnu (ou si vous êtes tout simplement curieux), je vous invite à lire mon article dédié au Dit du Genji sur Journal du Japon publié l’année dernière. Ce qu’il faut savoir ici, c’est que l’un des chapitres de l’œuvre se déroule à Uji, d’où la présence d’un musée qui lui est dédié.
Ce tout petit musée ne dispose que de 3 salles d’exposition. On y trouve des reconstitutions de scènes et des projections d’adaptations animées aux côtés d’objets témoins de l’époque Heian (794 – 1185). L’entrée est gratuite et un audio-guide en anglais est disponible (gratuitement aussi).
Ce n’est pas un « grand incontournable » de la ville, mais j’ai beaucoup apprécié cette petite visite qui nous plonge dans cette époque apogée de la cour impériale. De plus, marcher jusqu’au musée du Dit du Genji nous a amené à pousser la balade jusqu’à un temple assez excentré : le Momuroto-ji.
Le Mimuroto-ji
Réputé pour ses superbes jardins, le Mimuroto-ji est un temple créé il y a plus de 1 200 ans, en 770. On y trouve, entre autres, une statue de Kannon, rarement montrée au public, une pagode à trois étages et différentes statues porte-bonheur liées à des légendes locales.
Tout d’abord un Ugajin, un serpent avec une tête d’homme âgé qui promet longévité si on lui frotte la tête et richesse si on lui frotte la queue. Puis un taureau qui tient dans sa gueule une petite sphère que l’on doit faire tourner pour attirer la chance, ainsi qu’un lapin contenant une pierre ovale que l’on doit redresser pour exaucer un vœu.
Si ces dernières attirent les croyants, la plupart des touristes viennent principalement pour les jardins du temple : à chaque saison, des floraisons exceptionnelles ! Au printemps, ce sont plus de 20 000 azalées et rhododendrons qui colorent le jardin ; en juin des milliers d’hortensias, en été des lotus, en automne des momiji et, enfin, des pruniers de fin février à mars.
Si vous avez bien suivi, vous avez compris mon désarroi : je suis venue au Mimuroto-ji début janvier, dans l’un des seuls trous du calendrier des floraisons du temple ! Ceci expliquant la très faible fréquentation du temple, à l’image du Tsubosaka-dera et du Tanzan-ji à Nara.
Le temple n’était donc pas aussi exceptionnel que ce à quoi je m’attendais, mais il faut tout de même souligner que le bâtiment principal et la pagode ont un charme indéniable. Je ne peine donc pas à imaginer la beauté du lieu lors des floraisons, et je compte bien revenir un jour profiter du spectacle.
Le Kōshō-ji
En revenant sur nos pas, nous nous sommes laissés porter jusqu’au Kōshō-ji. Après avoir traversé les jardins de quelques temples disséminés par ci par là, nous avons rejoint la rivière Uji au niveau de la statue des 10 chapitres d’Uji (en référence au Dit du Genji).
De là nous avons longé la rivière jusqu’à atteindre le Kōshō-ji qui nous accueille par une longue allée bordée d’érables dont les feuilles étaient déjà tombées.
Nous n’avons pas spécialement choisi ce temple plus qu’un autre, nous y sommes seulement arrivés en continuant notre balade contemplative dans la ville d’Uji.
Je ne vous recommanderais pas spécialement d’y aller, ne lui ayant pas trouvé d’attrait particulier si ce n’est sa cour intérieure originale. En revanche, la balade qui m’a mené jusqu’à lui était, elle, vraiment agréable.
Le Kōshō-ji fut finalement notre dernière étape de cette journée à Uji avant de rejoindre la voiture garée derrière le Byōdō-in et rentrer à Kyoto (ou plus précisément à Otsu où nous avions posé nos valises dans le superbe Biwako Hôtel afin de rejoindre les différents lieux hors de l’ancienne cité impériale sans subir les inconvénients de la ville).
Uji : une merveille à côté de Kyoto
Cette journée à Uji depuis Kyoto est l’un de mes plus beaux souvenirs de ce voyage de 4 semaines au Japon à l’hiver 2024-2025.
D’abord parce que le Byōdō-in m’a procuré exactement le sentiment que je recherche lorsque je voyage, c’est-à-dire un mélange d’émerveillement, de surprise et de sérénité. Ensuite parce qu’Uji est une ville particulièrement agréable, facile à visiter et qui ne manque pas de points d’intérêts.
Vous l’aurez certainement compris à la lecture de cet article : Uji est à mes yeux un incontournable de Kyoto et sa préfecture qui devrait largement faire partie de tous les itinéraires pour un premier voyage au Japon.
L’accès à Uji étant si facile depuis Kyoto que je le recommande chaudement à tous ceux qui cherchent à s’éclipser de la foule pour une virée hors du temps.
Je le dis souvent, je le sais, mais je compte bien revenir un jour à Uji, et cette facilité d’accès me fait dire que ce ne sera pas bien difficile de réussir à caler un retour à Uji dans un prochain voyage dans le Kansai. J’ai d’ailleurs déjà repéré deux lieux, à savoir les observatoires Daikichiyama et Asahiyama Kannon, ainsi qu’un hébergement qui fait bien rêver, le Hanayashiki Ukifune-en.
Et vous, vous avez déjà visité Uji, le trésor de Kyoto ?