Fêter le Nouvel An au Japon : mon expérience à Kyoto
La fête du Nouvel An n’a jamais été pour moi un moment particulièrement apprécié. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais c’est une soirée que j’ai toujours trouvée bien relou à organiser. Il ne faut froisser personne, penser à tout le monde, et puis ces X messages de « Bonne année ! » passé minuit et qui se répètent pendant des jours et des jours, ça me gave. Je n’ai pas plus d’arguments que ça, c’est finalement assez personnel, mais c’est un fait : si je peux m’échapper pour le Nouvel An, ça m’arrange.
J’avais fêté le Nouvel An de 2019 lors de mon séjour d’une semaine en Laponie Finlandaise et j’avais adoré être coupée de tout pour l’événement. Cette année 2025, je souhaitais réitérer l’expérience, mais avec quelque chose de plus symbolique : aller prier au temple pour le Nouvel An, au Japon.
Ce voyage au Japon en hiver fut notre 4ème, et nous y sommes allés avec l’intention de le vivre différemment des précédents, dans un mode « slow travel ». Nous sommes restés 3 semaines dans le Kansai dont une semaine à Kyoto, qui était notre point de chute principal. Je voulais redonner une chance à cette ville qui m’avait laissé un goût amer lors de mon voyage de 3 mois au Japon en 2019, et je trouvais particulièrement symbolique de passer le Nouvel An là-bas pour son image de « ville traditionnelle », puisque j’avais en tête de passer un « Nouvel An japonais ».
Je vous présente donc ici mon expérience du Nouvel An à Kyoto, mais avant, revenons quelques instants sur les traditions qui entourent le Nouvel An au Japon !
Fêter le Nouvel An au Japon
Les festivités du Nouvel An au Japon sont culturellement différentes des nôtres. Nous qui fêtons ce changement d’année le 31 au soir entourés à la fois de notre famille et de nos amis, dans une ambiance plus ou moins animée, les Japonais, eux, le passent en famille en suivant un programme qui commence dès les premiers jours du dernier mois de l’année.
Les préparatifs débutent dès début décembre avec l’osoji, le grand ménage de l’hiver, qui permet de commencer la nouvelle année à venir dans une maison propre. Une fois le foyer bien nettoyé, place aux décorations traditionnelles qui ont pour but d’accueillir comme il se doit la divinité de la nouvelle année, Toshigami.
Le soir du 31, omisoka (le dernier jour de l’année), c’est en famille que les Japonais se retrouvent autour d’un repas composé d’une fondue japonaise (nabe) et d’un bol de nouilles (toshikoshi soba) tout en regardant le concours musical NHK Kohaku Uta Gassen, l’émission incontournable du réveillon. Lorsque minuit sonne, 108 coups de cloche retentissent dans les temples bouddhistes afin de purifier les fidèles des 108 désirs qui causent la souffrance humaine, tels que la colère ou la jalousie, c’est le Joya no kane. De nombreux Japonais se rendent dans les temples pour la première prière de l’année, et c’est alors le début de plein de premières fois : premier lever du soleil, premier rêve, première visite au sanctuaire, etc.
Le premier jour de la nouvelle année, les Japonais dégustent l’osechi ryori, un ensemble de plusieurs plats traditionnels en petite portion qui a demandé un long temps de préparation en amont. Chaque plat possède sa symbolique : la daurade pour le bonheur, les œufs de hareng pour la fertilité, les graines de soja sucrées pour le travail… Après ce festin, place à l’hatsumode, la première visite au temple.
Vous l’aurez compris à cette brève présentation du Nouvel An traditionnel japonais : la famille, la symbolique et les rituels prennent une place centrale dans ce changement d’année. Bien évidemment, ce qui est décrit ici n’est pas à prendre à la lettre : tous les Japonais ne fêtent pas le Nouvel An de cette manière aussi précise et codée, mais c’est ainsi que l’on présente le Nouvel An traditionnel japonais.
L’on peut donc en réalité fêter le Nouvel An au Japon de différentes manières : au temple, entre rituels et street food, dans les bars, avec un peu d’alcool, ou encore dans la rue pour profiter d’un compte à rebours ou d’un feu d’artifice.
Ce qui m’attirait dans l’idée de passer le Nouvel An au Japon, c’était l’approche symbolique : aller au temple, étendre les 108 coups, et faire la première prière de l’année. Un Nouvel An calme et loin des festivités plus « modernes ». Le choix de la destination pour le fêter n’a donc pas été très difficile : direction Kyoto !
Le Nouvel An à Kyoto
Qui dit Nouvel An à Kyoto dit direction le temple ! Plusieurs choix s’offrent à nous pour assister au Joya no kane (les 108 coups de cloches) : le Kiyomizu-dera, le Nanzen-ji, le Konkai Komyo-ji, … La liste est longue. Pour notre part, nous nous sommes rendus au Yasaka-jinja pour l’Okera Mairi, et au temple Chion-in pour le Joya no kane.
L’Okera Mairi est propre au Yasaka-jinja et c’est justement ce qui nous a attiré. Cette tradition consiste à faire brûler des racines d’okera, une herbe médicinale, pour alimenter un feu sacré qui chasse les mauvaises énergies de l’année passée et dans lequel les visiteurs viennent allumer une petite corde.
Le but : ramener cette corde chez soi, allumée, afin d’alimenter une braise dans le foyer avec ce feu sacré. Du moins, ça, c’était l’idée de base. Maintenant, la sécurité impose d’éteindre la flamme avant de quitter le sanctuaire. On ne garde alors que la corde, que l’on peut garder comme amulette.
Nous arrivons sur place vers 21h et découvrons une ambiance très animée. Les stands de nourriture sont nombreux, le monde est présent. Des messages tournent en boucle dans l’enceinte du temple annonçant qu’ils ferment les portes aux personnes extérieures autour de 23h30, afin d’éviter une trop grande foule.
Après un bon tour des lieux, direction le Chion-in. On voit qu’une immense file d’attente, dont on ne perçoit pas le bout, s’est formée autour de l’enceinte. Devant les escaliers, des barricades pour empêcher l’accès et une foule qui attend patiemment.
Deux possibilités : se joindre à la queue, mais pourquoi ? ou se positionner dans la foule statique, mais pourquoi ? On choisit la facilité et on se place dans la foule, face aux escaliers, en attendant… on ne sait quoi.
Et là, c’est l’échec : on a fait le mauvais choix, car il ne se passe et ne se passera rien au niveau des escaliers. La foule patiente qui s’est formée là ne semble pas avoir lieu d’être. On se rend compte que nous sommes tous dans la même incompréhension, un autre touriste me demandant « on attend quoi ? » « je ne sais pas… ». Pour assister au Joya no kane, il fallait se joindre à la queue, qui a commencé à pénétrer dans le temple une bonne heure après notre arrivée, mais lorsque l’on comprend cela, la queue est fermée et on ne peut plus la rejoindre.
Nous sommes donc doucement partis, à l’aveugle, dans les rues de Kyoto avec pour idée de fêter minuit dans le temple qui sera sur notre chemin à ce moment-là. Nous avons ainsi rejoint l’enceinte d’un petit temple de quartier, dont je ne sais plus le nom, qui profitait d’une ambiance plus intime.
3 temples, 3 ambiances ! Et la première prière au temple pour une année 2025 sous le signe du renouveau qui vient boucler ce Nouvel An au Japon.
Le Nouvel An au Japon : Bon à savoir
- Si vous cherchez à fêter le Nouvel An au Japon à la fois de manière traditionnelle et festive, rien ne vous empêche de prendre la direction des bars une fois la première prière de l’année effectuée !
- Pour ces deux nuits passées à Kyoto en décembre 2024, nous avons logé au Keio Prelia Hotel Kyoto Karasuma-Gojo pour 287 euros. Je vous recommande chaudement cet hôtel si vous cherchez un logement avec une bonne localisation géographique et un onsen des plus agréables. Pour la liste des autres logements de ce séjour, je vous renvoie sur mon article Conseils et budget pour 4 semaines au Japon.
- Le Nouvel An au Japon rime avec les vacances d’hiver, semblables à la fameuse Golden Weekd. De nombreux commerçants ferment leur boutique pendant environ une semaine et de nombreux Japonais profitent de leurs peu de congés pour se déplacer, notamment dans leur famille. Pour notre part, nous sommes tombés sur une année où les vacances étaient particulièrement longues : du 28 décembre au 5 janvier, soit 9 jours que l’on a bien senti passer avec tous les commerces fermés dans la préfecture de Kyoto…
- Pour un Nouvel An au Japon plus festif, dirigez-vous du côté de Tokyo (Shibuya, Odaiba, …), Osaka (Dotonbori, Umeda, …) ou encore Okinawa pour une ambiance et des températures plus chaleureuses ! Selon la ville et le quartier, vous pourrez profiter d’un compte à rebours, d’un feu d’artifice, de concerts, etc.
- Une autre option peut également être intéressante : fêter le Nouvel An aux Universal Studio Japan à Osaka ! Si l’idée vous plait, il faudra vous y prendre à l’avance pour espérer obtenir un billet d’entrée. Notez d’ailleurs que le billet d’entrée ne suffit pas, il faudra le compléter par un pass spécial pour le Nouvel An : le Countdown Party Pass, vendu courant novembre.
Et vous, vous avez ou voulez fêter le Nouvel An au Japon ?